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saga familiale - Page 2

  • L'Ile aux papillons

    L'Ile aux papillons

    de

    Corina Bomann

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    "15 février 1888,

    Ma très chère Grace,

    Je ne sais pas si tu m'as pardonnée entre-temps. Je suppose que ce n'est pas le cas mais je ne peux m'empêcher de t'écrire.

    Je t'imagine assise à la fenêtre de ta chambre, le regard perdu dans les brumes du parc, encore révoltée par la manière dont tout cela est arrivé. A juste titre. Et je ne ne peux dire qu'une seule chose: je regrette du fond du cœur."

    Berlin, avril 2008: Diana vient de découvrir que son mari la trompait. Au même moment, elle est appelée en urgence en Angleterre au chevet de sa grand-tante Emmely. Avant de mourir, cette dernière lui confie une mission.

    "Un secret jette une ombre sur notre famille [...] Ma grand-mère avait horriblement mauvaise conscience à cause de ce secret. [...] Malheureusement, je ne peux pas te dire de quoi il s'agit exactement. J'ai toujours soupçonné ma mère d'en savoir davantage, mais elle ne m'a jamais rien raconté. La seule chose qu'elle m'a révélée, sur son lit de mort, c'est que le secret de grand-maman Victoria ne devait être dévoilé qu'au tout dernier membre de la famille. Il s'agit de toi. [...] Essaie de réunir toutes les pièces du puzzle"

    Diana décide de percer ce secret. Son enquête va la mener au Sri Lanka, sur la plantation de thé de sa famille.

     

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    Lorsque j'ai reçu cet ouvrage des éditions Charleston, j'ai été immédiatement séduite par la quatrième de couverture et par cette promesse d'une grande saga familiale.

    Dès le début, trois époques s'entremêlent: 1887-1888, 1945 et 2008. Ainsi, le lecteur perçoit très vite qu'une grande faute a été commise en 1888 et que les générations suivantes (celles de 1945 et de 2008) doivent la réparer sans forcément la connaître.

    Puis, l'arc narratif se concentre sur trois destins de femmes: celui de Grace et de Victoria en 1888 et celui de Diana en 2008. Tour à tour, on les suit dans leur découverte de l'île aux papillons.

    "Oui, c'est comme cela que l'on appelle le Sri Lanka. Parce que l'île a la forme d'une aile de papillon"

    J'ai vraiment apprécié cette structure qui alterne sans cesse entre passé et présent. Ainsi, la missive du début du roman ne prend son sens que dans les dernières pages.

    En 1887, suite au décès de leur oncle, Grace et Victoria se voient contraintes de suivre leur père et leur mère à Ceylan pour reprendre une plantation florissante de thé. Le choc est rude pour ces deux adolescentes qui n'avaient connu jusque lors que les salons anglais policés.

    A la phase d'adaptation succède une autre d'émerveillement. Les deux jeunes filles se promènent, observent, explorent Colombo.

    Lors d'une de leurs pérégrinations, un vieillard fait une étrange prophétie à Grace

    "Père homme riche...grand voyage...Décision...tempête qui change tout...mariage [...] Toi aller dans une autre vie à soixante-trois ans. Toi encore trois vies avant le nirvana"

    Affolée, Grace tente d'oublier. Son départ pour la propriété familiale de Vannattuppucci lui permet de se changer les idées. Surtout qu'elle fait là-bas la connaissance du fascinant Vikrama. Toute histoire d'amour entre eux est interdite. Et pourtant, malgré le danger, une idylle se noue.

    J'ai beaucoup aimé cette partie située dans le Sri Lanka de 1887-1888. Corina Bomann est parvenue à créer deux figures féminines passionnantes: à la sage Grace s'oppose la Victoria curieuse et passionnée. Mais la découverte d'une autre culture et d'une autre façon de vivre vont inverser les rôles.

    De même, on en apprend beaucoup sur les exploitations de thé et sur leur mode de fonctionnement, sur le choc de cultures entre les Anglais déracinés qui tentent d'imposer leur style de vie et les autochtones...

    Certaines scènes se révèlent drôles. D'autres révoltantes....

    A chaque fois, j'avais hâte de retrouver Grace, Victoria, leurs parents, Vikrama...

    Face à eux, Diana. Totalement investie dans la mission confiée par sa grand-tante et sans doute pour oublier l'échec de son union, la jeune femme décide de partir au Sri Lanka. Là-bas, l'attend un certain Jonathan, censé l'aider à trouver la vérité. Dès le départ, on sent qu'une attirance s'installe entre eux.

    Je dois avouer que j'ai pris moins de plaisir en lisant cette partie. Finalement, elle n'avait d'intérêt que comme ressort dramatique. En effet, certaines découvertes des deux limiers précèdent certains épisodes du récit de 1887-1888.

    Par conséquent, on a encore plus envie de retrouver les chapitres consacrés au passé et d'assister aux évènements.

    Bref, vous l'aurez compris: L'île aux papillons constitue une saga familiale réussie, pleine de secrets et de drames et qui invite au dépaysement.

    Merci aux éditions Charleston de me l'avoir fait découvrir!

    Editions Charleston, février 2014, 22,50 €, 425 pages

     

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  • La fin d'une ère

    Dernier été à Mayfair

    de

    Theresa Révay

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    "Lorsqu'il traversait le grand bois, Julian s'engageait toujours à droite au croisement de Hadrian's Heart. Son cheval obliquait naturellement puis allongeait ses foulées, l'inclinaison du sentier lui offrant une belle échappée au galop. Le jeune homme revenait ainsi vers le coeur du domaine sans se laisser tenter par les chemins qui convergeaient vers la "Voie royale", la route romaine qui remontait jusqu'à Londres et descendait vers la côte, d'où l'on embarquait pour le continent"

    Mayfair, juin 1911, Lord et Lady Rotherfield reçoivent la haute société pour l'entrée dans le monde de leur dernière fille Victoria. Tous sont présents: l'aîné Julian écrasé par le poids de ses futures responsabilités et contraint à un mariage avec une jeune fille bien née; Edward, le cadet, un dilettante Don Juan et joueur, écrasé par les dettes de jeu et passionné d'aviation...Tous sauf Evangeline, la rebelle de la famille qui vient d'être emprisonnée pour avoir participé à une manifestation de suffragettes. Julian part donc pour essayer de la faire libérer et étouffer tout éventuel scandale.

    De 1911 à 1918, on suit ainsi l'évolution de cette fratrie, confrontée aux bouleversements qui agitent l'Europe et à la fin d'un monde.

     

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    Je n'avais jamais entendu parler de cet ouvage avant que Fanny du blog Netherfield Park ne le mentionne. Elle me l'avait conseillé en commentant mon billet sur Le Manoir de Tyneford de Natasha Solomons. Je l'ai trouvé à ma bibliothèque de quartier et je me suis donc lancée.

    Theresa Révay est une auteure française, réputée pour ses fresques historiques. Elle a notamment publié Livi Gandi ou le souffle du destin en 2005 et la Louve Blanche en 2008.

    Je suis assez fan des sagas familiales et de la possibilité qu'elles donnent d'observer l'existence de plusieurs membres du même foyer sur plusieurs années. Et je trouve que l'écrivain a très bien réussi le pari de créer des personnages réalistes. On croit à ses protagonistes et à leur destin.

    J'ai particulièrement aimé Julian, l'aîné, un homme éduqué selon certains principes et qui se retrouve héritier du titre et d'un certain sens du devoir alors qu'il aurait aimé connaître un tout autre sort. Au début, son caractère m'énervait. Mais, peu à peu ses fêlures sont apparues et l'ont rendu plus humain. Son idylle extra-conjugale et son comportement pendant la Première Guerre Mondiale ont remporté finalement mon adhésion.

    De même, j'ai beaucoup apprécié Evangeline, la rebelle de la famille. Son engagement auprès des suffragettes la mène deux fois en prison. La première, elle est sauvée par son frère. Mais à la deuxième arrestation, elle préfère taire son identité et subit ainsi le sort de ses compagnes moins fortunées. Elle endure notamment la technique du gavage, appliquée aux femmes récalcitrantes qui refusent de se nourrir au nom de leur combat idéologique. Cette épreuve la transforme profondément et change sa personnalité. Sa rencontre avec l'aviateur français Pierre de Forestel, incarnation de la noblesse française elle aussi sur le déclin, la fait aussi beaucoup évoluer.

    Je pourrais m'appesantir ainsi sur plusieurs des héros imaginés par l'auteure: May, Edward, Percy...Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte.

    Ce que j'ajouterai juste, c'est que chacun d'eux permet de découvrir des aspects primordiaux de cette époque foisonnante: les meetings d'aviation, la spéculation autour de la radiophonie, le fonctionnement de la Chambre des Lords, le rôle des infirmières anglaises pendant la Première Guerre Mondiale, le naufrage du Titanic...

    C'est là d'ailleurs une des autres réussites de Theresa Révay. Non seulement elle a su forger des personnages forts mais elle a su resusciter l'ambiance de toute une époque. Le début m'a d'ailleurs fait fortement penser à une de mes séries fétiches: Downton Abbey. Et j'ai beaucoup aimé la référence aux Vestiges du jour (le majordome s'appelle aussi Stevens)

    Ce souci de la reconstitution historique l'a poussée à se documenter pendant plus d'un an et demi. Et cela se ressent à la lecture. Tout semble exact: les descriptions des scènes de combat, la vie dans les tranchées, le fonctionnement d'un manoir anglais...La Grande Histoire s'imbrique parfaitement d'ailleurs à la petite histoire, celle des Rotherfield et de leur pendant français, les de Forestel.

    Les pages de cet ouvrage se tournent vite. Mais j'aurais quand même un reproche à formuler: la rapidité de certaines péripéties. Pour narrer le destin de ces deux grandes familles sur 8 ans, l'auteure a très souvent recours à l'ellipse ou au raccourci. Or, je n'ai pas toujours trouvé que ce procédé tombait bien. Par exemple, mon coeur de midinette j'aurais aimé assister aux rencontres amoureuses et aux premières déclarations. Elles sont malheureusement souvent escamotées.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous cherchez une saga familiale réussie qui rend parfaitement compte de l'ambiance des années 1910's, ce roman est pour vous.

    Merci donc Fanny pour ce conseil! J'ai dévoré cette oeuvre et j'ai passé un bon moment de lecture grâce à toi.

    Belfond, 2011, 477 pages, 21 €